L’accompagnement de l’enfant doit être inconditionnellement bienveillant.
Des siècles de violence éducative ordinaire ont éloigné notre espèce de nos précieuses qualités humaines, seules garantes de l’harmonie dans nos sociétés. Ce malentendu relationnel, niant les besoins de l’humain à travers l’enfant, ont produit des comportements individuels et collectifs violents à l’égard de soi, des autres et de la planète. Aujourd’hui, la violence organisée, technologique, mondialisée, banalisée, cynique, surmédiatisée, met en péril la survie de notre espèce.
La bienveillance se manifeste par le ressenti, l’intuition, l’empathie et la bonté, qui existent naturellement dans le cœur des êtres libres. Ce sont des compétences potentielles que nous possédons tous à la source. Dans nos histoires d’enfants, et en raison des maltraitances diverses que nous avons subies, nous avons été comme mutilés de tout ou partie de ces compétences. Une société dont la plupart des citoyens a subi des maltraitances possède un ensemble de comportements en défaveur de la vie, et s’adonne spontanément à la destruction, la prédation ou la guerre.
L’être humain a des besoins, comme toutes les autres espèces vivantes. Ne pas répondre aux besoins de l’enfant est une maltraitance ordinaire lourde de conséquence. L’un des besoins spécifiques de l’humain est l’amour inconditionnel.
Comment accompagner avec bienveillance ?
Avec notre ressenti… Le ressenti est à ne pas confondre avec l’émotion perturbatrice émergée de nos histoires passées. Il est localisé dans tout le corps avec un point d’ancrage fort dans la zone du ventre et du plexus. Distinguer un véritable ressenti, qui n’est possible que lorsqu’un nettoyage émotionnel a été accompli, d’une remontée de sensations douloureuses de notre histoire passée est un exercice difficile.
Le ressenti nous permet de discerner « ce qui est », dans toute situation, avec d’autres moyens que les limites connues du mental.
L’irritation, la colère, l’impatience, la terreur, les peurs, le désespoir ne sont pas, par exemple, dans la plupart des cas, des manifestations du ressenti, mais plutôt de l’ordre des blessures émotionnelles encore à vif. Le ressenti est une base pour l’action juste. L’émotion perturbatrice produit quant à elle des réactions, parfois fortement irrationnelles.
Avec notre empathie. ..L’empathie peut également se ressentir par tous les capteurs du corps. Sa pierre angulaire est la zone du cœur où l’énergie empathique se manifeste le plus. Si nous y sommes attentifs, nous pouvons vraiment ressentir comme une connexion, une chaleur qui danse, dans un va-et-vient entre l’autre et soi-même. L’empathie nous permet de reconnaître l’autre et de nous reconnaître nous-même (nous pouvons être empathiques pour nous-mêmes). Dans cette énergie du cœur, nous sommes appelés à vivre et faire vivre l’amour inconditionnel. Cela ne signifie en aucun cas que nous ne pouvons faire de choix, ni nous positionner. Car nous sommes appelés à avoir le même amour inconditionnel pour nous même : nous écouter, nous reconnaître, nous aimer, prendre soin de nous… La communication non violente (CNV) nous invite à un processus d’harmonisation entre soi et l’autre, en dépit des divergences, des différences de besoin, d’être, des couleurs et sensibilités de chacun. L’empathie est douce et bienfaisante, génératrice d’ocytocine pour celui qui la donne comme pour celui qui la reçoit. Elle permet à l’enfant qui en bénéficie régulièrement de développer ses compétences affectives et sociales.
Avec l’intuition… L’intuition est localisée par différentes cultures millénaires au niveau du front, sur la zone appelée aussi « 3ème œil ». L’intuition permet d’avoir une vision élargie de ce qui advient et de ce qu’il faut mettre en œuvre pour servir la vie. Elle nous permet de sortir du connu, et de laisser émerger la créativité qui nous est nécessaire pour favoriser des systèmes vivants plutôt que des systèmes sclérosés par une pensée uniquement rationnelle ou mémorielle.
Avec bonté…La bonté est également une qualité du cœur et de l’être tout entier. Certaines personnes paraissent entièrement enveloppées de bonté, et cela se manifeste dans la voix, le regard, l’attitude, le sourire, la qualité de présence, la spontanéité des actions, les actes de don et de gratuité. La bonté est une fée qui prend soin de la vie et distille généreusement mais discrètement, où qu’elle se trouve, une vibration positive, communicative, féconde et altruiste. La bonté créée un espace de sécurité pour l’humain qui en bénéficie comme pour celui ou celle qui la dispense, et elle favorise la paix. La bonté ne signifie pas, pour autant, la négation de soi. Elle ne peut s’installer par la force de la volonté et doit émerger naturellement et de plus en plus intensément au fur et à mesure du nettoyage émotionnel et de la modération de l’ego. La bonté est difficile à incarner lorsque nous devons nous protéger des agissements des autres. Nombre de ceux qui ont fait vœu de bonté ont été opprimés dans l’histoire de l’humanité. Le complément de la bonté pourrait donc être, paradoxalement, la posture du guerrier, l’énergie du « non » (un « non » qui, en fait, est une affirmation et non une négation). Lorsqu’il est à sa place, le « non » est ferme et sans violence, inspiré par le respect de soi, le respect de l’autre et le respect de la vie.
Pratiquer et faire vivre la bienveillance constitue le socle d’une humanité consciente, d’une humanité résiliente.
Seul un retour à une bienveillance manifeste dont nous pouvons bénéficier depuis notre plus jeune âge permettra un retour de l’humanité au bien-être, à la sérénité, à la sagesse et à la paix. Nous serons alors en mesure de nourrir notre véritable raison d’être sur cette terre : celle des Jardiniers et des Bergers de la Vie.